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Quand les syndicats font archipel ...

Rédacteur Thierry SALOMON
Résumé Dans un grand entretien dans le 1 hebdo (N°446 du 10 mai 2023), Laurent Berger revient sur le succès de l'unité syndicale contre la réforme des retraites. Où l'on retrouve dans la description de son mode d'organisation beaucoup des traits de nos fondamentaux archipeliques ...
Mais cette unité était fondée sur une volonté défensive, c'est-à-dire sur un refus et sur non une proposition alternative commune.
Cette unité survivra-t-elle à ce qui devrait suivre : une phase de co-construction alternative sur la question des retraites, alors que les désaccords restent considérables entre la retraite à 60 ans (CGT) et un système de retraites universel (CFDT) ?
Billet Extrait de l'interview de Laurent Berger :

Cette mobilisation a aussi marqué le grand retour des syndicats dans le jeu démocratique. Pourquoi l’unité intersyndicale a-t-elle fonctionné, en dépit de vos divergences politiques ?

LB : Depuis sept ou huit ans, nous recueillons sous différentes formes les attentes des salariés à l’égard du syndicalisme. Ce qui en ressort, c’est qu’ils voudraient que les syndicats soient plus influents, plus unis, et moins nombreux. C’est un élément qui a mûri en nous, et a certainement permis de surmonter nos divergences de vues pour constituer ce front syndical. Ensuite, on ne va pas se le cacher, il y a eu une relation humaine très stable et très respectueuse avec mon homologue de la CGT, Philippe Martinez, et une approche commune du travail. Et enfin il y a eu, dès juin 2022, une organisation commune qui s’est mise en place en prévision de cette bataille pour les retraites, avec la promesse de parler d’une voix commune, autour de ce qui nous rassemble, le refus des 64 ans. Ça ne signifie pas qu’on est d’accord sur tout le reste, ou qu’on force les uns et les autres à soutenir la retraite à 60 ans que souhaite la CGT, ou le système de retraites universel que nous prônons à la CFDT ! Mais on parle ensemble, on réagit ensemble, et dans la rue on défile en lien les uns avec les autres. Depuis le 10 janvier, on nous annonce l’explosion de cette intersyndicale. Et depuis le 10 janvier, elle est toujours là, et on sortira ensemble. Le vrai sujet, c’est de savoir si cette maturité qui a été la nôtre, facilitée par des relations humaines anciennes et sincères, pourra se maintenir, si on pourra continuer de ne pas se considérer comme des concurrents permanents et assumer nos accords comme nos désaccords sans en faire des drames.

L’intersyndicale unie, c’est un peu la Nupes qui marcherait…

LB : C’est surtout une alliance sans ambiguïté, sans domination autoritaire de quiconque, où personne n’est obligé de renier ses fondamentaux. Et après ? Je souhaite qu’on travaille ensemble sur des propositions. Pas forcément sur les retraites, sujet sur lequel nos vues sont assez éloignées. Mais sur d’autres sujets comme la qualité de vie, les conditions de travail, la question des salaires. Ce n’est pas une intersyndicale permanente. Il y a des points sur lesquels on n’est pas d’accord.

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