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Un graphique sidérant

Rédacteur Thierry SALOMON
Résumé Que dire à ceux qui ne croient toujours pas aux bouleversements du climat, ou qui simplement doutent de la vitesse de son évolution ? Peut-être leur montrer ce graphique :

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Billet Ce graphique a été réalisé par le Copernicus Climate Change Service (C3S) du Centre Européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF) qui rétro-analyse le climat mondial de 1940 à nos jours.

Toutes les courbes représentent jour par jour et pour chaque année depuis 1940, l'écart entre la température de l'air sur la planète entière (à 2 m de hauteur) et celle sur la période préindustrielle 1850-1900.
Par exemple si le 20 juillet 2022 la température moyenne du globe est mesuré à 19.3° et que la moyenne des 20 juillet sur 1850-1900 était de 18.0°C l'écart porté sera de 1.3°C. On peut ainsi tracer les courbes journalières d'écart depuis 1940 jusqu'à 2023.

Le résultat est une évidence : la montée des températures est progressive depuis 1940 (en bleu, plus froid) jusqu'à 2022 (en orange, plus chaud).
Puis vers le printemps 2023, en rouge, se produit une rupture très nette avec toutes les températures des 82 années précédentes ... Et l'écart de température grimpe jusqu'à atteindre plus de 2°C le 17 novembre 2023 dernier, très au-delà des 1,5°C qui constituaient le niveau considéré en 2015 comme à ne pas dépasser dans de l'Accord de Paris lors de la COP 21 pour éviter de rentrer dans une zone de bouleversement climatique aux effets dangereusement imprévisibles.

Les sceptiques répondront que le climat a toujours changé, que la glace a recouvert le Nord de l'Europe, que l'activité du soleil pourrait expliquer, etc, etc ... Voire qu'un complot mondial écologiste nous fait croire au changement du climat pour nous contraindre à changer notre mode de vie.
Or ces chiffres sont des MESURES, pas des élucubrations, issues de MILLIERS de stations de mesures effectuées par des MILLIERS de scientifiques de tous les pays du globe : il faudrait donc qu'un "complot climatique" porte sur des milliers d'équipements, des milliers de personnes trafiquant de façon coordonnée et subreptice des MILLIONS de mesures ...

Question à poser à ces indécrotables sceptiques : démontrez-moi la faisabilité d'un tel complot mondial.
(sans réponse, ne pas essayer de perdre son temps à les convaincre).

Il n'en reste pas moins que ce graphique est sidérant car la vraie question qu'il pose n'est pas l'exagération des climatologues mais bien la minimisation des résultats issus des modélisations du climat.
Interpellés, les climatologues s'interrogent : nos modèles prédictifs sont-ils erronés ? A-t-on oublié de prendre en compte certains phénomènes physiques qui emballent les températures plus brusquement que les complexes algorithmes qui gèrent ces modélisations le prévoient?

C'est malheureusement vraisemblable. En scientifiques rigoureux, les modélisateurs n'ont souvent pas tenu compte de certains phénomènes, connus mais encore insuffisament précisés pour pouvoir les intégrer dans les algorithmes qui régissent ces représentations futures du climat. Tels par exemple la fonte rapide du permafrost, l'influence de la circulation profonde interocéanique ou le bio-stockage du CO2 dans des forêts et leurs conséquences systémiques.

Et ils ne peuvent pas être aidés par la rétro-modélisation, c'est-à-dire par la vérification des modèles en comparant leurs évolution depuis une date antérieure à l'évolution historique : ces phénomènes étaient alors dans le passé minimes, puisque c'est justement l'accroissement des émission de gaz à effet de serre qui les renforcent. Et qui, surtout, peuvent les amplifier jusqu'à créer une "boucle de rétroaction positive", c'est-à-dire un système qui s'auto-amplifie, renforcé par son propre impact : le climat modifiera alors les conditions de vie sur notre planète vers une Terra incognita ...

Le 17 novembre 2023 marquera-t-il le jour de cette Grande Bifurcation Terrestre ?

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Commentaires

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le 26.11.2023 à 23:32:02
Mon Cher Thierry, sur ce blog, les visiteurs sont déjà convaincus, c’est donc ce que nous avons l’habitude de dire, être dans l’entre soi….

Regardons donc qui reste climatosceptique ; en France 37% des Français.
Pourquoi par ce que pour l’essentiel leur problème est un problème social. On ne les convaincra pas avec de meilleurs graphiques, mais en transformant la société pour qu’ils s’y sentent bien.
Mieux vaut lire l’excellent article de Marie Zekri du 22 juin 2023 pour comprendre que nous devons créer des sociétés conviviales et régler des problèmes sociaux qui ne l’ont pas été pour que toute la population puisse s’embarquer dans le freinage du train de l’Anthropocène.
Bien convivialement
Marc
37% des Français se considèrent climato-sceptiques
https://www.nationalgeographic.fr/environnement/sondage-opinion-37-des-francais-se-considerent-climato-sceptiques

Cette récente enquête, produite par l’Observatoire International Climat et Opinion Publiques (EDF et Ipsos), traite depuis quatre ans des données statistiques établies auprès de trente pays, abritant les deux tiers de la population mondiale et figurant parmi les pays les plus polluants.
L’étude de l’année 2022 révèle une montée du sentiment d’être témoin du changement climatique, notamment en France, suite aux fortes sècheresses de l’été 2022. Ces évènements climatiques impressionnants, des feux de forêt jusqu’en Bretagne en passant par des pénuries d’eau, ont marqué les Français. Les fortes chaleurs (79 % | + 9 points vs 2021), la sécheresse (62 % | + 19 points vs 2021) et l’assèchement des cours d’eau (51 % | +16 points vs 2021) provoquent une montée de 5 points du sentiment d’être confronté.e au changement climatique.
« Quand on a vu ce qui s’est passé pendant l’été 2022, […] on s’est dit qu’il allait y avoir une montée incroyable de l’inquiétude des gens, et un renforcement du sentiment que les activités humaines ont induit un certain nombre de dégâts », confie Daniel Boy. « Or, ce n’est pas le résultat que nous avons obtenu. »
En un an, la vague climato-sceptique aurait progressé de 8 points en France. On compte 37 % de climatosceptiques dont 29 % considèrent qu’il y a un changement climatique mais pas d’origine humaine ; c'est la plus forte augmentation de ce sondage. Une grande partie de la population française remettrait en question la responsabilité humaine de la crise actuelle. Sur les trente pays sondés, la France est le sixième pays dans lequel le doute sur l’origine humaine du changement climatique a le plus augmenté.
….
En France, les personnes se définissant comme climato-sceptiques sont principalement issues des classes populaires. La fin du mois supplante souvent la fin du monde. Devançant la question environnementale sur tous les continents, l’inflation est la première urgence dans l'opinion publique. Le coût de la vie est le point le plus préoccupant pour 62 % des personnes interrogées. Le changement climatique figure en 2e position (44 %) chez les ménages les plus aisés, juste après l’augmentation du coût de la vie. Pour les ménages les plus modestes la préoccupation principale est l’inflation. Viennent ensuite les problématiques sociales. Le changement climatique n’apparaît qu’en 6e position (36 %), devancé par la pauvreté et les inégalités (49 %), le chômage (44 %), le système de santé (41 %) mais aussi la corruption (39 %).