Rencontre "Résister et Créer" du 27 janvier 2024


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Projet de texte


Propositions pour que s’organise une grande alliance humaniste des Forces de vie !

Rédaction Patrick Viveret, revue par Marc Humbert
9 janvier 2024

Ce texte se situe dans la continuité de l’Université de Sete (cf Pacte de Sete) et de l’appel d’Edgar Morin amendé par Alain Caillé sur le projet d’un mouvement de résistance créatrice au service d’un monde et d’une civilisation écologique et conviviale.

Pour une alliance des forces de vie


Ce projet s’inscrit dans une perspective systémique qui va de l’intime de nos vies aux enjeux planétaires en passant par des défis propres à la France et à l’Europe.
Cette approche systémique s’organise autour d’une alliance des forces de Vie pour préserver une terre habitable (enjeux écologiques) et une Humanité, un peuple terrien, capable de résister aux logiques de haine qui peuvent le conduire à l’autodestruction (enjeux sociétaux et humanitaires).
La Paix, la Justice, la Liberté tout comme la préservation de la Vie sont en effet aujourd‘hui menacées aussi bien à l’échelle planétaire que dans l’Intime de nos vies tant nous pouvons être touchés par des sentiments d’angoisse et d’impuissance, voire de désespoir. Résister à tout ce qui constitue des formes de défaite de l’humanité (actes barbares, xénophobes, écocides etc.) mais aussi à ce qui peut nous conduire nous-mêmes au découragement et au défaitisme est donc un enjeu vital.

Promouvoir cette approche n’est par ailleurs possible que si les forces qui la mettent en œuvre, qu’elles soient politiques, syndicales, associatives, culturelles… renoncent à vouloir se placer en position dominante. C’est la raison pour laquelle nos propres propositions travaillées au sein de mouvements tels les convivialistes, le mouvement Utopia, les archipels des Jours heureux et de l’écologie et des solidarités (et actuellement reliées dans l’archipel des confluences), n’ont pour objet que de susciter débat, désir et imagination. Nous souhaitons que ces forces que nous considérons porteuses d’un projet écologique et convivial (que nous nommons pour notre part « eco-convivialiste ») soient enfin capables de se rassembler et d’agir ensemble dans le cadre d’un grand arc humaniste tout en préservant l’autonomie, l’identité, les fonctions respectives de chacun.

Une telle approche se décline à la fois dans l’espace (de l’intime au planétaire en passant par les enjeux nationaux et continentaux) et dans le temps. Elle vise le temps long (au moins la fin de ce siècle) et commence dès maintenant en proposant, comme nous le faisons dans l' « Appel pour la paix, Place à l’humanité ! » initié avec Edgar Morin, de faire de l’année 2024 une année de résistance créatrice. Il s’agit en effet de faire émerger une humanité plus humaine et ouverte au Vivant face aux risques mortels que produisent la Guerre, la haine, la barbarie, l’irresponsabilité écologique.

Une première séquence qui, pour la France va jusqu’à 2027 et pour le monde jusqu'à 2030


Elle se propose de se déployer dans une première séquence qui, pour la France va jusqu’à 2027, puisqu’il s’agit d’une échéance décisive où notre pays pourrait basculer à son tour dans une forme de populisme aux relents fascisants. Ce risque qui s’exprime par des formes de panique et de régression émotionnelle résulte directement de l’aggravation des inégalités et du sentiment d’injustice sociale. Il conduit nombre de nos concitoyens confrontés à la précarité et au sentiment de déclassement à croire que leur situation résulte non de cette injustice structurelle du système dominant mais de personnes immigrées ou étrangères qui souffrent elles aussi, et souvent plus gravement, des mêmes maux.

A cet égard les initiatives associatives, syndicales et démocratiques qui organisent une résistance à la loi récente sur l’immigration, tout comme l’appel international initié avec Edgar Morin, sont des éléments importants pour placer ce début d’année 2024 dans cette perspective de Résistance créatrice. Cette même année, celui des élections européennes, il nous semble important que les forces se réclamant de l’humanisme soient capables de manifester que leurs divergences sur le rôle d’une Europe démocratique pour faire face aux défis mondiaux sont moins importantes que leurs convergences et qu’elles peuvent être traitées de manière apaisée à travers des procédures de type « construction de désaccords ».

Il sera essentiel ensuite, après ces élections, d’élaborer un programme exigeant sur le plan écologique, démocratique et social pour la préparation, en France, des échéances municipales de 2026 et nationales de 2027. La préparation de ces enjeux se joue en effet bien en amont dans la l’élaboration d’un programme commun par des procédures démocratiques renouvelées (telles des conventions citoyennes), dans la qualité de rassemblement, au-delà des seuls partis politiques, dans le traitement apaisé des divergences, dans la capacité à former des équipes aptes à assumer des responsabilités publiques. Ce n’est possible que si les forces de l’arc humaniste à constituer raisonnent en termes d’alliance, d’équipe et de coopération et non de compétition organisée autour de personnes qui cherchent à assurer leur domination par des postures narcissiques et clivantes.

Les initiatives prises dès le mois de mars par les organisations initiatrices du Pacte de la transition pour les élections municipales de 2020 afin, non seulement de reconduire ce pacte en 2026, mais de l’étendre à la préparation des élections législatives de 2027, nous paraissent essentielles dans cette perspective tout comme les travaux des grandes plates formes citoyennes(*) associant syndicats, villes, entreprises solidaires, associations et mouvements d’éducation populaire.

Autres initiatives


D’autres initiatives seront précieuses et utiles tout au long de l’année 2024 et il faut s’appuyer sur la capacité de relais et de coopération entre des projets déjà programmés tels ceux du Forum social européen en avril, du Mouvement de l’économie solidaire en mai, du Festival des idées et des Dialogues en humanité début juillet ou de la Fabrique des Transitions à la mi-décembre.
Toutes ces initiatives pourraient s’inscrire dans une grande campagne citoyenne commune et non réduite aux seules échéances électorales. Un nom, une scénographie, un agenda partagé, une communication commune devraient être choisis afin montrer clairement que la France des forces vives et de l’avenir se rassemble face aux risques de régression.



(*) On peut citer à cet égard les travaux du Pacte pouvoir de vivre, de la Fabrique des transitions, de l’Alliance écologique et sociale, du Collectif de la Transition citoyenne

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