Pirogue "TERRA"

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Sur l'avenir des Nations Unies



Contribution de JC Deveze


Note provisoire de présentation du projet TERRA

version 2

Voici quelques premiers éléments sur le Projet TERRA qui suppose la cartographie des « forces de vie » en amont et pas seulement à l’échelle nationale. C’est typiquement un projet « megalodeste » qui combine ambition et humilité et suppose la mise en oeuvre du trépied tisserands, explorateurs, catalyseurs. Nous n’avons en effet évidemment pas les moyens d’en être les organisateurs.
PS : le nom provisoire de Terra fait référence à la fois au projet de monnaie monde de Bernard Lietaer et à la formidable expérimentation de notre ami Fred Bosqué dans le Lot (on est dans le rapport dynamique du local au global). Il s'appuie également sur la part essentielle du travail des Nations Unies pour sortir après 1945 l'humanité de sa phase barbare et guerrière : Charte, déclaration universelle, pactes sociaux puis sommets de la Terre, objectifs du millénaire puis du développement soutenable...Travail insuffisant et parfois dicutable (à commencer par le problème du Conseil de sécurité qui bloque le processus par les droits de veto des nations les plus puisssantes)mais essentiel si l'on veut éviter des régressions majeures et des logiques de guerre à l'heure de défis immenses.
D'autres noms serainet certes possibles : par exemple
Utopia en lien avec nos amis du même nom ou Oasia en lien avec nos amis de Colibris. L'archipel citoyen des Jours heureux avait lui proposé le nom de Nanoubie (à partir de la "pirogue NANOUB" signifiant "nous allons nous faire du bien!").
A ce stade TERRA permet de poser un projet qui allie l'ambition la plus haute : constituer à terme un pays de la Terre gouverné démocratiquement, donc une "république terrienne" et l'anticiper partout où c'est posssible en reliant entre eux les territoires qui par exemple feraient de la Déclaration Universelle des Droits Humains un droit opposable et non un simple idéal.


Le projet TERRA
Le projet TERRA part des hypothèses ci dessous pour mettre en oeuvre la méthode RÉVER, vecteur d’une métamorphose nécessaire de l’Humanité. Il s’agit en effet de combiner :
  • le R de la résistance à l’insoutenable sur le plan écologique , social ou de l’atteinte aux droits fondamentaux;
  • le É de l’évaluation démocratique condition d’une démocratie vivante, continue, de haute qualité participative et délibérative qui permet la mise en oeuvre d’une Intelligence collective;
  • le V de la vision transformatrice qui ose imaginer les conditions d’une humanité plus humaine préservant le Vivant et une terre habitable;
  • le E de l’expérimentation anticipatrice qui met en oeuvre les nouvelles formes économiques, sociales, démocratiques, culturelles etc que nous proposons;
  • le R de la résilience refondatrice afin de travailler aux perspectives de renaissance, et de régénération des forces de vie même quand celles ci ont été atteintes du fait de logiques irresponsables ou meurtrières…

Ce projet pourrait se caractériser comme anticipation (le E de l’expérimentation anticipatrice) d’un pays de la terre, d’un peuple de la terre et ce que pourrait être une «république terrienne ».(le V de la vision transformatrice).
Il suppose une capacité de transformation aussi bien personnelle que collective (cf apport de l’archipel des jours heureux sur ce point) et mobilise des forces non seulement du local au global mais de l’intime au Planétaire.
Il met en oeuvre un autre rapport à la richesse fondée sur ce qui compte vraiment (cf apports du collectif Richesse et du Forum pour d’autres indicateurs de richesse) et au pouvoir en tant que pouvoir de création démultiplié par la coopération et non pouvoir de domination voire de prédation (apports des archipels et du Pacte pouvoir de vivre ).
Il porte donc autant sur notre art d’aimer, sur le sens que nous donnons à nos vies, que sur nos manières de vivre ensemble sur cette Terre qui, même abîmée, reste notre vaisseau spatial commun infiniment plus désirable que la colonisation de planètes, fantasmes d’Elon Musk et des transhumanistes (cf. les apports important de réseaux tels les Dialogues en humanité sur ces points).

Faire vivre une république terrienne
Sur le plan du E de l’expérimentation anticipatrice donc, il consiste notamment à faire vivre, partout où c’est possible sur des territoires (y compris maritimes) reliés entre eux (le bon usage des NTIC) le « pays-monde » et "la république terrienne" que nous souhaitons en commençant par appliquer pour de bon les textes fondamentaux des Nations unies (Déclaration universelle, Charte, pactes sociaux, grands accords écologiques, Objectifs du millénaire et du développement durable (ODD) etc) et de passer, comme l’évoque le réseau des Dialogues en humanité, de l’âge international issu des première et seconde guerres mondiales (SDN puis ONU) à l’âge planétaire mais cette fois sans guerre mondiale ...

Cet appui permet, dans le conflit avec des forces répressives et conservatrices, de ne pas apparaître comme des marginaux mais de s’appuyer sur le socle de droits et d’accords reconnus par l’ONU et la plupart des grandes autorités morales et spirituelles.
Pour donner un exemple le dérèglement climatique va engendrer des migrations conjoncturelles ou structurelles infiniment plus importantes que celles qui existent déjà actuellement. Le fait de considérer la Déclaration universelle des Droits humains comme un droit opposable et non un simple horizon idéal conduira par exemple sur ces territoires anticipateurs à déclarer la mise en oeuvre effective des articles 13 et 14 de cette déclaration car ils stipulent un droit de circulation voire de résidence de tout être humain (hors cas de crime et délit). On comprend que l’affrontement probable avec des gouvernements adeptes de politiques répressives sur ce point est plus facile à mener (en particulier sur le plan juridique qui devient une composante essentielle de l’action) si l’on se réfère à la Déclaration Universelle et aux textes fondamentaux des Nations Unies que si l’on peut donner prise à l’accusation de gauchistes séparatistes !

Sur les transformations économiques
En outre la mise en oeuvre de ces droits et objectifs fondamentaux permet d’inscrire des objectifs de transformation plus ambitieux sur ce socle incontestable. Prenons quelques exemples:

Ainsi, dans l’ordre des transformations économiques il s’agit d’aller vers la mise en oeuvre effective de l’accord de Paris, des pactes sociaux des Nations Unies, des ODD ou des objectifs du millénaire en montrant qu’il est possible de sortir des logiques de l’argent roi. C’est le cas, en termes d’indicateurs de richesse et de comptabilité et en matière d’unité d’échange tels la monnaie et le temps. Rassembler sur des territoires physiques ou virtuels que l’on peut appeler à l’instar du mouvement Sol ( des monnaies citoyennes) des « territoires de valeur » , l’ensemble des initiatives permettant de compter la richesse autrement en redonnant leur plein sens aux termes de valeur comme « force de vie » , de bénéfices au sens d’activités bénéfiques (pour les humains et leur planète) et de la faire circuler de manière cohérente avec ces principes (rapport à l’échange de monnaie et plus largement de temps) est donc essentiel.
Cela signifie mettre en commun des initiatives aujourd’hui séparées et qui se connaissent à peine tels celles des acteurs :
  • qui agissent sur le terrain des nouveaux indicateurs de richesse (proposés par exemple par le réseau Fair ou Oxfam et à travers la méthode du Donut dans les forums internationaux du bien vivre) ou des nouvelles formes de comptabilité (comptabilité Care, verte, sociale…);
  • les nouvelles formes d’échange telles celles proposées par les monnaies citoyennes (locales et complémentaires mais aussi « libres » et à des échelles plus larges que le niveau local tel le projet de monnaie mondiale proposé par Bernard Lietaer) ou par les systèmes d’échange à base temps (SEL, accorderies, banques du temps etc.) qui pourraient être la base d’un second circuit que Bruno Theret nomme « la monnaie fiscale-temps »;
  • les nouvelles formes d’entreprise solidaires telles les « Licoornes » qui rassemblent aujourd’hui Enercoop, Telecoop, Mobicoop, Railcoop, la Nef et d’autres acteurs plus largement de l’ESS ou de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération et dont l’intérêt tout autant que leurs valeurs est de s’unir pour trouver une masse critique commune de consommateurs citoyens de l’ordre de deux millions de personnes;
  • les nouvelles formes de fiscalité en généralisant les fiscalités bonus-malus que l’on trouve dans les mutuelles de l’ESS et en y ajoutant les fiscalités à base temps (cf Bruno Theret)...

Une nouvelle approche de la démocratie
La question de la fiscalité ouvre immédiatement sur la nouvelle approche de la démocratie. Il s’agit en effet de mettre en oeuvre une fiscalité incitatrice d’activités bénéfiques, désincitatrice d’activités nuisibles. Mais seuls les acteurs démocratiques à toutes les échelles sont légitimes pour délibérer ce qui relève du bénéfique et du nuisible et de hiérarchiser (par exemple par un sytème de notation) ces différents éléments.
C’est la même chose pour la question essentielle de la création monétaire ou plus précisément de la création des moyens permettant de mettre en oeuvre des projets jugés bénéfiques pour l’avenir.

Il y donc une alliance possible et potentiellement déjà existante dans plusieurs territoires entre :
  • des acteurs porteurs d’une nouvelle approche d’une économie écologique (ecolo-nomie) tels les entreprises, les réseaux de monnaies citoyennes; les acteurs promouvant de nouveaux systèmes de compte de la richesse, de la fiscalité, de la création monétaire …
  • des acteurs porteurs d’une nouvelle approche de la démocratie telles les municipalités élues sur le trépied responsabilité écologique, justice sociale, droits renforcés notamment dans des villes importantes telles Strasbourg, Nantes, Rennes, Lyon, Bordeaux, Marseille, Paris en lien avec des plateformes telles la Fabrique des Transitions, le Collectif de la Transition Citoyenne qui les aident ou les aiguillonnent en ce sens (voir notamment l’opportunité du Pacte de la Transition concernant le compte rendu de mandat à mi parcours pour les municipalités ayant accepté de signer le pacte);

On retrouve bien sur ce projet « megalodeste » les fonctions de tissage, d’anticipation (ou d’exploration) et de catalyse portés par les membres de l'Archipel des Confluences.

Hypothèses et facteurs à l’appui du projet
Nous sommes dans une bataille mondiale et la mise en cause des frontières de toutes natures devient une nécessité si l’on veut la gagner.
C’est vrai sur le plan écologique car une partie de la terre devenant invivable va provoquer des migrations d’une ampleur telle que le maintien des frontières empêchera les mouvements de circulation nécessaires.
C’est vrai sur le plan social car l’espace national n’est plus suffisant et même pertinent pour mener la bataille mondiale contre la justice sociale.
Face à l’hypercapitalisme qui a saboté la bataille de la Transition sur le plan écologique, social et désormais démocratique, il faut promouvoir un éco-convivialisme offensif qui assume le fait qu’il vaut mieux être bobo et bisounours qu’irresponsable écologiquement et « brutaclaque ».
On peut caractériser ce conflit comme une alternative entre « Brutalisme » (système favorisant la brutalité envers la nature et les humains et rassemblant les points communs au capitalisme, aux systèmes autoritaires, au productivisme, au patriarcat, au suprématisme racial...) et ce que nous pourrions nommer l’« éco-convivialisme » qui, lui, veut promouvoir lui une double avancée écologique et « très-humaine » (face aux logiques inhumaines ou post-humaines)
C’est vrai plus encore sur le plan de l’alternative à la guerre mondiale qui menace désormais l’humanité soit du fait des forces mortifères que sont d’un côté les populismes neo-fascistes occidentaux et de l’autre les régimes autoritaires (mus en commun par l’obsession de maintenir le patriarcat et un religieux habité par l’idée de puissance dominatrice).
Dans cette bataille l’un des points clefs sera de faire de la DUDH un droit opposable et de redonner à la charte des Nations-Unies son plein sens de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (face au droit des états à disposer de leurs peuples) mais en intégrant le fait que les peuples nationaux ne sont qu’un sous-ensemble du peuple de la Terre qui est aujourd’hui menacé par lui même du fait de sa capacité à s’autodétruire, soit directement soit en rendant sa planète inhabitable.

Sur'Europe et la France
L’Europe est un enjeu majeur dans cette bataille et doit chercher de nouveaux alliés car le bloc atlantique n’est pas la bonne alliance pour mener cette bataille pour la justice sociale (poids de l’hypercapitalisme qui donne toujours la priorité à La Défense de classe des plus riches), pour la transformation écologique (et non la simple Transition, bataille non menée par l’hypercapitalisme) et pour la Liberté (on voit comment on laisse par exemple les femmes iraniennes aux prises avec leur régime meurtrier : à quoi bon ces énormes dépenses militaires si c’est pour abdiquer devant les talibans et les mollahs !)

La France déclinante peut être un levier dans cette bataille si elle accepte de faire définitivement son deuil de son statut de puissance dominante néo-coloniale ou de son rêve de faire de l’Europe une grande France. L’un des moyens de le faire est d’être prête à mettre en cause son droit de veto et son armement nucléaire. Il s’agirait par exemple d’appuyer un mouvement révolutionnaire de l’Assembléed générale des Nations-Unies devenant le creuset d’une « Assemblée constituante du peuple de la Terre ».
Dans cette bataille il est important de désigner des adversaires et de hiérarchiser cette adversité si l’on veut transformer la violence en conflit et les ennemis en adversaires;

La démocratie épisodique de compétition n’est plus capable de garantir les droits et les libertés. Sa concentration sur des élections épisodiques, son incapacité à organiser la justice sociale et la responsabilité écologique la conduisent à l’impuissance ou même à devenir le terreau des forces neofascistes ou à favoriser sa transformation en démocratures.

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